Tribune parue le 13 juin 2024 sur le JDD (Journal du Dimanche)
La France mérite mieux que le spectacle offert par Les Républicains, considère l’ancien député du Tarn et membre du bureau politique des Républicains, défendant une alliance avec le Rassemblement National pour les législatives.
Tel Néron qui incendia Rome en jouant du luth, Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée après son revers cuisant aux européennes. Ses amis en furent d’autant plus stupéfaits qu’ils connaissaient leur sort. Ils ont pourtant enduré dans le silence toutes les foucades et les échecs du chef de l’État. On leur rappellera le mot de Malraux : « Il est facile de mourir quand on ne meurt pas seul ».
Immédiatement, les gauches se sont rassemblées. Sociaux-démocrates atlantistes et soviétophiles antisémites se sont unis par un accord jugé « infâme » par le Crif.
Ils ont en commun d’avoir depuis toujours instrumentalisé l’Histoire à leur profit.
Oubliés Jaurès l’antisémite et Ferry le colonialiste raciste, oubliés les députés du Front populaire votant les pleins pouvoirs à Pétain, oubliée la Francisque de François Mitterrand et ses amitiés sulfureuses, la collaboration du PC avec les nazis jusqu’au 22 juin 1941, le lien filial du PC avec celui de l’URSS : tout est autopardonné et les idoles encaustiquées !
L’histoire du parti gaulliste est plus glorieuse. Encore que certains esprits taquins pourraient lui reprocher d’avoir eu pour programme, signé en 1990 par Alain Juppé et François Bayrou notamment, la préférence nationale et souligné que l’islam n’était pas compatible avec la République…
Si le RN séduit un électeur sur trois et les Républicains un sur quatorze (voire un sur vingt à la présidentielle), la responsabilité de cette situation est partagée entre les macronistes et la droite. Les premiers parce qu’ils ont échoué en tout. La seconde parce qu’elle n’a guère compris l’évolution de notre pays et du monde ni tiré les leçons de ses avatars au Pouvoir.
Tous les totems et tabous des cinquante dernières années tombent. On revient aux fondamentaux de la politique : les frontières et la souveraineté, les racines historiques de l’identité, le patriotisme économique, la question démographique, les chocs migratoires, les chocs des civilisations et des empires. Et quand le marché ne marche plus, il reste l’État, seul face à la crise financière de 2008, face à l’épidémie du Covid, face à la guerre, face à la concurrence des États prédateurs
Le vieux monde d’Emmanuel Macron, sans-frontiériste impénitent, négateur de la culture française et apôtre de la flagellation historique, s’écroule. Et c’est heureux !
Cela, la droite n’a pas voulu ou su le voir, et pas plus reconnaître ses erreurs au pouvoir. Or, le pardon commence par la confession. Mais l’orgueil et le conformisme l’ont emporté. Elle le paie, d’autant qu’elle continue ces jours-ci à employer les mots et les idées de la gauche en voulant ignorer, une fois de plus, les sentiments profonds des Français.
Ceux qui vitupèrent contre Éric Ciotti n’ont pourtant guère été au feu durant les européennes : « Passe devant avec la torche, je te suis avec le revolver ».
L’occasion est donc venue de faire tomber deux coalitions : celle des macronistes, et celle d’une gauche dominée par l’extrême gauche qui rêve d’un scénario à la Kerenski, le Premier ministre russe qui fut éliminé par les bolchéviks en 1917.
Parce que la droite n’intéresse plus grand monde en dépit de l’héroïsme de ses militants et de quelques parlementaires de grand talent, faudrait-il s’interdire de partager la plate-forme du RN qui ressemble à s’y méprendre à nos propres idées, à l’exception de la question économique ? La crise budgétaire et le pragmatisme imposeront, ici, comme en Italie, la sagesse : « Il y a les circonstances, disait le général de Gaulle, c’est l’idée que je m’en fais qui emporte ma décision ».
Mais il y a pire que le déclin des Républicains : c’est l’effondrement de la France. La patrie mérite mieux que le parti ou le sentiment de classe.
Elle exige aujourd’hui du courage, du travail, de l’unité. C’est le moment d’en finir avec une droite si gauche.

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