Bernard Carayon

Discours prononcé à Lavaur
18 juin 2000

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L’appel du 18 juin est l’acte un peu fou d’un général qui ne se tait pas, qui ne se soumet pas, qui ne transige pas avec l’honneur.

La France de 1940 est écrasée par la puissance des offensives allemandes de mai et de juin, où notre armée perd 100 000 combattants.

La défaite s’abat sur un pays que les gouvernements d’avant-guerre n’avaient su protéger.

Dans ce pays abasourdi, humilié, meurtri, un homme, semblable à « l’homme de caractère » que décrivait lui-même de Gaulle, avec un sens prémonitoire, dans le Fil de l’Epée, « se dresse, se campe, et fait front. »

L’appel du 18 juin symbolise aussi la capacité d’héroïsme qu’a toujours entretenu notre pays dans les temps de crise. Notre histoire est riche de ces personnalités comme Vercingétorix, Jeanne d’Arc, Bonaparte, Clémenceau qui incarnent le refus de la soumission.

Le Général de Gaulle est aussi à l’image de nos contradictions : de culture maurassienne et militaire, l’archétype de l’homme de droite du début du siècle, de Gaulle est cependant profondément républicain et attaché au peuple de France. A la différence de nombre de ses contemporains, il a l’idée d’une France dont les exigences de liberté et d’indépendance doivent l’emporter sur les médiocres calculs partisans. Les petites manigances de ceux qui animaient la vie politique française sous la IIIème République, de Gaulle en fut le témoin méprisant : des gouvernements qui se succèdent dans une éternelle « chasse aux pla-places » à l’élection, en 1919, d’un Président de la République, Paul Deschanel qui, avant de sombrer dans la folie, avait été préféré à Clémenceau, le vainqueur de la Grande Guerre, notre histoire recèle, hélas, tant de sujets à railleries !

De Gaulle est seul, en ce 18 juin, parce qu’il est alors le seul rebelle.

Les épreuves ne lui manqueront pas : mais n’est-ce pas dans les épreuves que se forgent les âmes, quand le bonheur amollit les caractères ?

Il n’y a pas de fatalité !, a-t-il crié en ce jour de juin. Pas de fatalité à la défaite, pas de punition nécessaire dans l’abaissement du pays, pour ceux qui ont l’âme de combattants. 

Homme du sursaut national, de Gaulle rassemble autour des valeurs qu’il incarne.

Rebelle, rassembleur, patriote, mais républicain, de Gaulle est bien pour nous la figure, la belle figure, d’une France éternelle, libre et combattante.