(Lettre aux militants Républicains du Tarn)
Il y a des victoires électorales heureuses, celles qui sont le fruit d’âpres combats, de convictions, de votre personnalité. Il y en a d’autres que l’on supporte même si elles ne sont que le fruit des circonstances. Et puis il y a des défaites d’autant plus humiliantes qu’elles semblent avoir été organisées par vos « amis ». C’est ce que nous avons vécu dans notre région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées : 18 % au premier tour, 21 au second, 12 % de moins qu’en 2010, au pire moment de la droite. Plus mauvais score de France, plus fort recul, derrière chaque fois le FN et le PS. Celui qui fut notre « champion » est politologue et dénonciateur des « populismes »… Généralement, cette expression est utilisée par ceux qui n’aiment ni ne côtoient le « peuple ». Il est habitué dans « C dans l’air » à délivrer des opinions si balancées, comme à Sciences-Po où il enseigne, que l’on ne parvient jamais à percer ses convictions. Loin des intuitions pertinentes d’André Siegfried, le père de la science politique, aux antipodes d’une pensée rigoureuse comme celle de Raymond Aron, Dominique Reynié fut un jour de mai 2015 choisi parmi une dizaine de concurrents, par un collège de 40 élus de nos deux régions, formé à l’initiative du maire de Toulouse. M. Moudenc souhaitait éviter ainsi que Paris lui impose un candidat…
Fut-il désigné parce que les cyniques savaient qu’il perdrait et qu’il valait mieux que tout reste en l’état, c’est-à-dire à gauche ? Ou par des naïfs qui regardent la télévision en fin d’après-midi, en se disant que la « société civile » apporte de l’oxygène et le sens des réalités à un monde politique qui en ait, évidemment, dépourvu ? Toujours est-il que sa campagne s’est affranchie de toutes les règles qui conditionnent le succès : absence d’ancrage local et de prudence élémentaire à tel point que son inscription sur les listes électorales souleva des contestations précises, relayées en permanence par les médias et les réseaux sociaux – portées devant le Conseil d’État, critique et contournement systématiques du rôle des partis politiques dans l’élaboration des listes des candidatures départementales, violation calculée de la parole donnée à Nicolas Sarkozy et Jean-Christophe Lagarde sur les choix des candidats – imposant par exemple, « au nom de l’éthique ? », un élu héraultais un temps incarcéré – ignorant soigneusement dans ses déplacements les élus, rédaction solitaire de son programme électoral – un document de 100 pages que personne n’a lu – documents de propagande illisibles : bref, de l’amateurisme sans la loyauté due à ceux qui avaient retenu ou validé sa candidature.
Taxé si souvent de parachutage, il crût utile de sauter en parachute (en tandem – on n’est jamais assez prudent).
Le candidat, choisi par des élus naturellement enracinés, adoubé par les instances nationales qui ne crurent pas opportun de remettre en cause une procédure toulousaine originale, était aussi en contradiction totale avec l’opinion régionale : partisan de l’Europe fédérale et de l’ouverture des frontières dans une région qui a rejeté les traités européens, libéral là où les communes et les personnes vivent si souvent de la dépense publique, confiant dans l’avenir de l’Islam en France alors que le FN a dépassé partout en Languedoc – là où les pieds-noirs sont très nombreux – les 40 % aux élections départementales, partisan de la GPA et de la PMA quand une large partie de la droite locale s’était opposée au mariage homo, sans mandat dans un territoire de près de 5 000 communes, il était le représentant des élites parisiennes que l’on déteste chez les pêcheurs de Sète, les ouvriers de Mazamet et les céréaliers du Lauragais.
Mais il fut choisi, en toute connaissance de cause, par ceux qui, curieusement, se refusaient à accepter un parachuté parisien !
C’est dire combien notre classe politique, du haut en bas de l’échelle des responsabilités, est capable du pire par calcul, incompétence ou négligence. S’étonnera-t-on que le PS et le FN écrasât « notre » candidat ? Il en est encore ici pour souhaiter qu’il reste ! Pas moi. Au nom de la révolution culturelle que doit engager la droite : celle du bon sens, du respect des gens et des racines, j’invite donc le professeur à retourner à ses études mais à changer de discipline : car la politique est aussi un art qui s’éprouve dans le dévouement, sans le maquillage.
A Compléter

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