Discours à Lempaut (Tarn), 14 août 1994
Mon cher Louis,
Nous serions nombreux aujourd’hui, et tous avec la même légitimité, à pouvoir te dire le mot qu’il est d’usage de prononcer en ces circonstances.
Tu me permettras donc de t’imposer le privilège de l’âge, car parmi tes amis, je suis sans doute le plus jeune et le plus récent.
Le plus récent, bien que ton élection à l’Assemblée départementale te donne le plaisir de découvrir de nouveaux amis, portés par le vent de ton succès.
J’évoquerai donc un souvenir commun, en guise de préambule.
Je connus Louis alors que j’engageais ma première campagne électorale : on m’avait recommandé d’aller rendre visite au « sage de Blan ».
Je crus qu’il s’agissait d’un sorcier, prédisant l’avenir et distribuant des oracles.
On me rassura : le sage de Blan n’était que le maire d’une commune dont je trouvais le nom aussi étrange que la réputation de son premier magistrat.
Ce jour-là, il ventait et il pleuvait. C’était l’hiver, et ma guimbarde de douze ans d’âge – l’âge des bons whiskies et des mauvaises voitures – rendit l’âme dans un garage à l’approche de ton village.
Je continuais donc le chemin à pied, en me disant que la journée commençait mal.
Ce ne fut rien à côté du reste.
La secrétaire de mairie qui m’accueillit m’apparut moins austère que le patron des lieux, mais celui-ci ne me laissa guère le temps de deviser en charmante compagnie : il était là, derrière moi, imposant et rugueux.
Une solide poignée de main, une voix rocailleuse, la moustache noire, et me voilà ainsi, face à lui, dans la salle, petite et sombre du conseil municipal.
Pour tout dire, je n’étais pas très à l’aise dans mon rôle de candidat, perdu dans une campagne, rétive à faire ma connaissance.
J’essayais toutes les ruses pour l’amadouer : il les détournait d’un revers de la main, avant même que j’eusse achevé mes démonstrations.
Ayant débuté, de manière un peu insolite, ma campagne électorale après celui qui allait devenir mon suppléant, je rencontrais un mur. Un mur qui avait donné sa parole de soutenir celui-ci, et n’entendait pas se dédire.
Nous nous quittâmes en nous souhaitant naturellement beaucoup de choses, et notamment, la chance de nous revoir en de meilleures circonstances.
C’était Louis Latger.
Un homme d’un bloc qui ne semble pas bouger, mais qui remue l’intelligence et le cœur, comme ces hommes de la France que nous aimons, celle des clochers-murs et de ces épis de blé qui frémissent quand se lève le vent d’Autan.
La France rurale, la France d’un pays qui n’en serait pas un, sans ses paysans.
Et c’est pourquoi, comme vous aussi, j’aime la figure de Louis Latger parce que rayonne en elle le regard de ceux qui ont aimé la France et les Français, qui ont servi l’une puis les autres, sans se dire : – A quoi bon !? –
Louis Latger a été élu à l’époque de Spoutnik et de Brigitte Bardot.
Le Général de Gaulle, alors, rassemblait les « veaux », et Louis Latger les marchands de volailles français.
Il aurait pu se contenter d’être un syndicaliste estimé de ses adhérents : mais en 1976, alors que Jacques Chirac était Premier ministre, il commença en quelque sorte sa campagne cantonale en obtenant de celui-ci l’autorisation d’exploitation, pour notre région, du label du « Veau élevé sous la mère ».
La mémoire, – vous le savez ! – ne lui faisant pas défaut, il sut exploiter, comme chacun le sait, ce succès dix huit ans plus tard…
Dès 1978, il avait commencé avec prévoyance à arroser les communes … au titre de Président d’association d’irrigation.
Je serais incomplet si je ne soulignais – cette fois sérieusement – l’essor que connait Blan sous son magistère.
Aux alentours, on admire, avec envie, la croissance de la population de sa commune, son attractivité pour les entreprises, la qualité de son école et de sa directrice – récemment décorée des Palmes Académiques, un bonheur ne survenant jamais seul.
Si l’on ajoute que ses électeurs sont à chaque consultation plus nombreux à le choisir que la fois précédente et moins nombreux que la fois suivante, vous comprendrez qu’il y a, derrière la figure de Louis Latger, quelque chose de réconfortant : la malice des travailleurs qui se disent que l’effort, l’honnêteté et le goût du service sont les meilleurs placements.
Voilà mes chers amis, un homme heureux. Un élu que vient d’honorer Charles Pasqua, ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du Territoire, en lui conférant l’Ordre National du Mérite.
Je vous félicite, Madame, d’avoir choisi Louis comme époux en un temps où nous étions moins nombreux à comprendre sa valeur, son humanité.
Si je devais l’immortaliser en un personnage célèbre, je l’appellerais Porthos.
Et je serais honoré d’être son d’Artagnan.

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