Marchais : les hypocrisies françaises

Le Figaro – Novembre 1997


Par « courtoisie et gentillesse », les travaux de l’Assemblée nationale ont été suspendus le jour des obsèques de Georges Marchais.

Le temple de la démocratie rend ainsi hommage à un dirigeant politique français dont la vie, l’inspiration et les méthodes ont été aux antipodes de nos valeurs républicaines.

La vie : avec circonspection, la presse bien-pensante a évoqué les « zones d’ombre » dans la vie du chef communiste. Mais qu’aurait-on dit d’un vieux leader de droite s’il était allé travailler volontairement dans l’industrie nazie ? 

L’inspiration : depuis 1945, le communisme est devenu un produit politique presque banal. On rigole de son exotisme. On souligne son « archaïsme ». Bref, rien de méchant. Mais on oublie qu’il a été un parti de collaborateurs tant que le pacte Molotov-Ribbentrop tenait ; qu’il a saboté l’esprit français de défense lors des guerres d’Indochine ou d’Algérie ; qu’il a soutenu des régimes dont la doctrine était impérialiste, belliqueuse et antisioniste ; qu’il a été financé par des puissances étrangères ennemies ; qu’il était, comme l’a bien dit l’ancien ministre de l’Intérieur socialiste, Jules Moch, « non pas à gauche mais à l’Est ».

Les méthodes : on a, bien sûr, beaucoup ri (merci Thierry Le Luron) de la gouaille de Marchais, et de l’art qu’il avait de ridiculiser les journalistes qui posaient les questions des honnêtes gens : mais, derrière l’accent du « travailleur », il y avait ces méthodes cyniques d’exercice du pouvoir, de la fraude électorale systématique à la paupérisation organisée  des « banlieues rouges », de l’entrisme systématique dans les organisations « humanitaires » à la dénonciation sans vergogne des vérités extérieures au monde communiste.

Tout défunt a droit au respect. Mais on souhaiterait aux « social-traîtres » un peu de mémoire, aux « partis bourgeois » un peu de lucidité, et aux héritiers de Georges Marchais un salutaire exercice de repentance.

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