Intervention à l’Assemblée nationale sur le projet de loi de finances pour 2012 

Octobre 2011


Le projet de loi de finances qui nous est soumis met l’accent sur la réduction des niches fiscales, corollaires d’impôts élevés, plutôt que sur la diminution des dépenses publiques : c’est son seul défaut. Mais ce projet de budget nous engage dans un combat contre les déficits publics d’autant plus légitime qu’il est partagé par l’ensemble des pays, comme par l’ensemble des forces politiques raisonnables du monde occidental. À ce titre, les positions du parti socialiste apparaissent vraiment aussi solitaires qu’anachroniques, quand elles ne relèvent pas du conte de fées.

Retrouver l’équilibre de nos comptes publics n’est pas se soumettre à une logique de marché mais à une logique de bon sens : il s’agit de ne pas vivre au-dessus de ses moyens. Cela dit, une partie de notre endettement était justifiée et le Gouvernement a eu parfaitement raison de vouloir contenir la crise de 2008 -, en préparant l’avenir à travers le grand emprunt de 35 milliards d’euros, en garantissant notre système bancaire et en facilitant l’investissement des collectivités locales par le remboursement anticipé de la TVA.

L’enjeu de la réduction des déficits publics, c’est aussi celui de notre souveraineté politique et sociale. L’exemple de la Grèce, tenue pieds et poings liés par le FMI et la Commission européenne, dégradée par les agences de notation, aurait dû faire mûrir les socialistes.

Ces agences privées ont, reconnaissons-le, un pouvoir exorbitant. Je souhaite que le Président de la République défende au G 20 l’idée d’un organe mondial de supervision publique garantissant l’éthique et la rationalité de leurs missions.

L’enjeu, c’est aussi la justice sociale : partout, le prix des déficits a été lourdement payé par les fonctionnaires, les retraités et les plus pauvres, premiers sacrifiés à travers les coupes dans les politiques de redistribution des revenus sociaux.

Certains, à gauche comme à l’extrême droite, tirent d’étranges leçons de la crise des dettes souveraines et de ses conséquences économiques et sociales : le protectionnisme serait la panacée. Or le protectionnisme, c’est la peur, et cette peur alimente autant la spéculation qu’il influe sur la psychologie des consommateurs, des producteurs ou des investisseurs. Autant il faut protéger les entreprises affrontées à une concurrence déloyale, qu’elle soit sociale, environnementale ou financière, autant il est fou de croire à l’efficacité de lignes Maginot économiques nous isolant du monde entier, quand plus d’un salarié français sur quatre travaille pour l’exportation.

Les protections doivent être sélectives et collectives avec nos partenaires européens. Elles doivent être inspirées par un patriotisme – et non par un nationalisme -, économique nourri, sans naïveté ni paranoïa, d’un esprit de conquête et d’ouverture raisonnée au monde.

C’était d’ailleurs le sens de la politique industrielle engagée par Nicolas Sarkozy, alors ministre des Finances, lorsqu’il sauva Alstom de la faillite et accompagna la construction de Sanofi-Aventis, le troisième groupe pharmaceutique mondial.

C’est le sens de cette politique industrielle, engagée par Nicolas Sarkozy, devenu Président de la République, qui s’affranchit peu à peu des tabous et des dogmes communautaires.

Les outils sont nombreux : le FSI[1] dont les participations de 3 milliards d’euros en deux ans ont permis de sauver ou de consolider plus de 100 000 emplois en France ; les interventions d’OSÉO au bénéfice des PME ; les pôles de compétitivité qui rassemblent nos meilleurs talents industriels, scientifiques et universitaires ; les états généraux de l’industrie qui ont mobilisé, partout en France, des milliers d’acteurs publics et privés, et dont les propositions constituent la trame des politiques de filières industrielles élaborées actuellement par la conférence nationale de l’industrie ; une politique publique d’intelligence économique destinée à protéger nos entreprises stratégiques et à peser sur l’élaboration des règles juridiques et des normes professionnelles dans les instances internationales.

Le commissaire à l’investissement, René Ricol, chargé de la mise en œuvre du grand emprunt, le médiateur du crédit et le médiateur des relations interentreprises industrielles et de la sous-traitance confortent aussi notre politique industrielle, qui doit maintenant trouver de nouveaux partenariats publics en Europe.

Mais on ne peut défendre notre industrie si l’on n’assainit pas d’abord nos comptes publics. C’est la voie courageuse tracée par ce projet de budget. 


[1] Fonds Stratégique d’Investissement.

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