Causeur – Décembre 2013
En honorant les mutins de 17, François Hollande a rendu un grand service à l’effort de cohésion nationale vers lequel doivent tendre toutes nos énergies.
Cette réhabilitation, hélas si tardive, malgré la tentative passée de Lionel Jospin, ne saurait rester orpheline tant le devoir de compassion peut s’exercer dans notre belle histoire nationale.
Car s’il y a une dictature dans notre pays, c’est bien celle des bellicistes, présentés dans notre « roman national » comme de nobles âmes, adulés, tels des héros, par les enfants des écoles.
C’est à l’honneur de M. Hollande de s’y attaquer, campant ainsi, pour l’Histoire, l’admirable personnage du Juste.
Oui, il est temps de dénoncer la « pensée unique » des vainqueurs ! Oui, la réhabilitation doit bénéficier à tous ceux qui ont concouru à la paix !
Peut-on ainsi, durablement, faire grief à l’évêque Cauchon d’avoir instruit le procès de Jeanne d’Arc, elle qui n’a eu de cesse de tuer dans l’œuf une amitié naissante entre son pays et l’Angleterre ?
On ne remerciera jamais non plus suffisamment Bazennes, d’avoir, à Metz, fait triompher la cause pacifiste et jeté les bases, avec clairvoyance, d’une saine politique de collaboration avec les Prussiens. Que dire de ce pauvre Esterhazy qui, en partageant avec nos voisins les secrets de notre armée, pensait légitimement faire progresser l’amitié entre les peuples ! C’est lui, et non Dreyfus, qui méritait les honneurs des Invalides…
Et Pierre Laval ! N’a-t-on pas été injuste envers un homme qui a su comprendre, avant tout le monde, la vertu des assurances sociales et lui trouver durant la guerre les meilleures garanties étrangères ? N’était-il pas, lui aussi, un grand européen avant la lettre ?
Peut-on faire grief à Joanovici, lourdement condamné à la Libération, d’avoir tout tenté, durant l’Occupation, pour en atténuer les rigueurs en relançant le commerce, et offrir aux Français des mets plus savoureux que le topinambour ? Les exemples foisonnent et leur valorisation justifierait bien la création d’un Comité des Sages que d’éminentes personnalités de gauche pourraient honorer.
Mais de grâce, M. Hollande ! Ne vous arrêtez pas en si bon chemin ! Ne pensez-vous pas qu’à côté des plus illustres Français, il serait opportun de déposer au Panthéon les cendres de Daladier qui sut, comme vous, mais à Munich, défendre des vertus si Françaises : le courage et la lucidité.

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