A l’occasion de l’arrivée du Tour de France
Lavaur, été 2011
A la tienne !
Blondin, le seul écrivain français qui ait chanté l’épopée des coureurs du Tour de France, est mort il y a vingt ans. J’ai souhaité que Lavaur, où Blondin aurait aimé prendre quelques « verres de contact » aux terrasses d’un café, lui rende hommage. Pas un hommage bourgeois, conventionnel et conservateur, des mots qui « commencent trop mal », comme l’écrivait Thierry Maulnier : mais un hommage à l’ami qu’il devint naturellement, à la lecture de ses chroniques sportives et de ses romans. Avec Roger Nimier, Jacques Laurent et Michel Déon, il formait le groupe des Hussards… Tout un programme : à la guerre, ce sont eux qui chargent, débordent, virevoltent, assaillent sans répit, avant de donner le coup d’estoc. Il n’aimait ni Aragon, ni Sartre, non pour ce qu’ils écrivaient, mais pour ce qu’ils étaient : des staliniens. L’in-humanité.
Blondin, c’était précisément l’Humain qu’il chérissait, qu’il pétrissait. L’homme, qui se définissait non comme un écrivain qui buvait mais comme un buveur qui écrivait de temps à autre, détestait l’idéologie et lui préférait ceux qui souffraient sur les routes de France, à l’instar de Tom Simpson, effondré, mort, au Mont Ventoux : « il est vraisemblablement mort pour avoir voulu trop bien faire, ce qui me semble l’une des issues les plus naturelles d’un champion, étant entendu qu’il n’y a pas de belle mort aux yeux des survivants, même celle du coureur de marathon ».
Nul mieux que lui ne décrivit le duel, comme il n’y en aura plus, d’Anquetil et de Poulidor, « le temps d’un goûter du soleil ». Je veux bien croire qu’on puisse aimer ou détester un écrivain, mais je me méfierai de celui – ou de celle – qui m’avouerait son indifférence à l’égard d’un homme si joyeusement triste.

Laisser un commentaire